Journée mondiale sans tabac : 16% des Réunionnais de plus de 15 ans fument tous les jours.
Même si la situation s’est améliorée depuis 5 ans, il y a encore 16% des Réunionnais âgés de plus de 15 ans qui fument quotidiennement, note l'Agence régionale de Santé.
Le mercredi 31 mai 2023, journée mondiale sans tabac, l'ARS souligne que "le tabagisme reste à ce jour la plus importante épidémie évitable à laquelle les soignants sont confrontés". Dans ce contexte, le gouvernement souhaite encourager le passage à la cigarette électronique pour se diriger vers un arrêt du tabac. Il veut aussi s'attaquer aux "puffs", des cigarettes électroniques jetables plébiscitées par les jeunes.
En France, le tabac reste la première cause évitable de mortalité, ce qui en fait un enjeu majeur de santé publique. À La Réunion, ce sont plus de 500 décès qui peuvent être attribués au tabac chaque année.
Si on a pu observer une baisse continue du tabagisme entre 2014 et 2019, les résultats du Baromètre de Santé publique France publiés en mai 2021(Pasquereau A et al. Consommation de tabac parmi les adultes en 2020 : résultats du Baromètre de Santé publique France. Bull Epidémiol Hebd. 2021;(8):132-9.) montrent que le tabagisme s’est stabilisé en 2020.
L’enjeu est de réinstaller une tendance à la baisse, notamment parmi les populations les plus précaires, les inégalités sociales étant très marquées en matière de tabagisme.
À La Réunion, on comptabilise toujours plus de 150 000 fumeurs quotidiens.
S’agissant plus particulièrement des jeunes, si la prévalence du tabagisme diminue sensiblement depuis quelques années, les dernières enquêtes réalisées auprès des lycéens montrent à l’inverse que l’usage de la chicha a tendance à croître (Usages de drogues chez les adolescents à La Réunion Résultats de l'enquête EnCLASS 2021. Rapport de l’ORS. Septembre 2022), avec un niveau d’usage dans l’île bien supérieur à ce qui peut être observé en métropole. On rappelle qu’une séance de chicha correspond à l’équivalent de 30 à 40 cigarettes.
- Les puffs, une mode qui inquiète -
Le gouvernement s'inquiète par ailleurs de l'explosion de la consommation des puffs, ces cigarettes électroniques jetables prisées des adolescents. Plusieurs députés espèrent pouvoir interdire leur vente dans les mois à venir.
Cette mode des petits tubes colorés qu'on inhale est arrivée en France fin 2021. Vendus entre huit et 12 euros chez des buralistes, sur des sites internet ou dans la grande distribution, ils déclinent un large éventail de saveurs (ice cream fraise, cola pétillant ou autres bubble gum), et proposent un certain nombre de bouffées pour un taux de nicotine compris entre 0 et 20 mg/ml.
"Ce qui m'a interpellée c'est que les puffs attirent avant tout des jeunes qui peuvent les consommer tranquillement dans leur chambre, sans se faire repérer puisque cela ne laisse pas d'odeur", a témoigné jeudi la députée écologiste Francesca Pasquini, membre du groupe Nupes lors d'un point presse à l'Assemblée.
En novembre dernier, elle a lancé une proposition de loi visant à interdire ces cigarettes électroniques, aujourd'hui signée par 63 députés de huit groupes politiques différents, hors LR et RN.
Début mai, le ministre de la Santé François Braun s'est dit favorable à une interdiction des puffs, qui "amènent une partie jeune de notre population vers le tabagisme". Le ministre "va travailler avec les parlementaires et les associations mobilisées sur le sujet", a souligné jeudi son cabinet auprès de l'AFP.
"Avec ce soutien, nous avons bon espoir de parvenir à une interdiction d'ici la fin de l'année", a avancé Francesca Pasquini, rappelant que plusieurs pays européens comme l'Allemagne, la Belgique et l'Irlande ont déjà amorcé un tel mouvement.
La députée espère désormais une inscription de sa proposition de loi à l'ordre du jour de l'Assemblée pour qu'elle puisse être débattue en séance en octobre ou novembre.
- Vers le remboursement des cigarettes électroniques ? -
Si le ministre de la Santé est favorable à l'interdiction des puffs, il souhaite cependant encourager le passage de la cigarette à la cigarette électronique. "Les substituts nicotiniques pour quitter le tabac, oui il faut les maintenir", a défendu le ministre. "C'est une prescription, d'ailleurs j'envisage d'ouvrir cette possibilité de prescription également aux pharmaciens qui sont confrontés à ces fumeurs qui veulent arrêter", a-t-il développé.
Cette prescription exclura les puffs, "ces produits colorés" qui "amènent les jeunes vers le tabac" selon lui, mais concernera les "substituts nicotiniques avec ces cigarettes électroniques", qui elles "permettent de diminuer progressivement sa consommation de nicotine et d'arrêter".
Interrogé sur un éventuel remboursement, François Braun a répondu que le sujet était "sur la table dans le cadre du prochain plan anti-tabac" du gouvernement, prévu sur la période 2023-2028. Il a également dit vouloir taxer "tous les produits du tabac comme le tabac à chauffer ou à chiquer de la même façon" que le paquet de cigarettes.
La politique de la hausse du prix du tabac menée tambour battant par Emmanuel Macron depuis son élection en 2017 pourrait se poursuivre. "Je ne m'interdis pas de continuer cette augmentation", a assuré le ministre de la Santé. Cette hypothèse est "sur la table" des discussions du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Source : https://imazpress.com/ avec AFP / Photo RB