Les infirmiers libéraux de La Réunion dénoncent le "grand paradoxe" de la politique du grand âge.
La section locale de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a organisé ce jeudi un forum. L'un des thèmes abordés lors de cette rencontre concerne la politique gouvernementale sur la dépendance des personnes âgées et leur prise en charge à domicile. Les autorités annoncent un grand plan de déploiement que les professionnels considèrent comme irréalisable en raison des moyens consacrés. La FNI considère cette mesure comme un "grand paradoxe".
Le vieillissement de la population est un enjeu de société tant en métropole qu'à La Réunion. Alors que les autorités sanitaires parlent du concept d’approche domiciliaire pour maintenir les patients à domicile le plus longtemps possible, ce sont les infirmiers libéraux qui se retrouvent en première ligne face à ce défi sociétal.
Alors que le gouvernement a annoncé un plan de déploiement de 25 000 places de SSIAD/SPASAD (Service de soins infirmiers à domicile/service polyvalent d’aide et de soins à domicile) sur 10 ans, la FNI tire la sonnette d'alarme.
Comme le rappelle le syndicat à La Réunion, ce sont 20.000 personnes qui entrent dans la dépendance chaque année, portant à plus de 70% le nombre de dépendants en plus dans 40 ans. Face à cela, la fédération rappelle que 23 % des EHPAD ne sont pas rénovés depuis 25 ans et qu'il y a 4 fois moins de places selon les territoires. Le FNI indique que c'est près de 9 milliards d'euros qui sont à trouver d'ici 2030.
"Dans ce contexte, vouloir maintenir à domicile les patients à moyens constants relève de l’injonction paradoxale. Dans ce contexte, favoriser les frais de structures au détriment des soins aux patients constitue également un grand paradoxe", souligne la FNI.
Les revendications de la FNEn 2019, l’intégration du Bilan de Soins Infirmiers (BSI) dans la Convention nationale des infirmiers visait à répondre à une volonté affichée de la profession de faire toute la transparence sur le contenu de son activit
Le passage au forfait pour la prise en charge de la dépendance hiérarchise l’activité sur une notion de charge en soins et de complexité. Les infirmiers libéraux se sont affranchis de la notion de temps qui prévalait jusque-là car le dispositif requiert une analyse fine de la situation clinique du patient pour sécuriser sa prise en charge.
Face à cet effort qui leur est demandé, les infirmiers libéraux ont plusieurs revendications. La première est d'exiger du gouvernement de reconnaître le rôle essentiel des infirmières et infirmiers libéraux dans la prise en charge des patients dépendants et de généraliser le BSI à l'ensemble de ces patients. La FNI réclame l'ouverture urgente de négociations tarifaires et la mise en place de mesures qui compenseront l'inflation qui fragilise le secteur libéral infirmier.
Ensuite, la FNI demande l'inscription du statut d'infirmier référent dans la proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France. Enfin, la fédération demande l'externalisation des actes réalisés par les infirmiers libéraux dans le cadre des coopérations avec les structures SSIAD/SPASAD.
En cas de sourde oreille des autorités sanitaires sur ces demandes, la FNI prévient que "le risque de désengagement de la profession sur le volet dépendance n'est pas à exclure."
Source : https://www.zinfos974.com/ Gaëtan Dumuids