Au CHU de la Réunion, comment la cellule de crise fait face au risque cyclonique
Dans la nuit du 20 au 21 février, le cyclone tropical Freddy est finalement passé à 190 km des côtes de l'île, placée en alerte orange, alors que Météo France avait craint la menace d'un impact direct. Le Dr Philippe Ocquidant, vice-président de la CME en charge de la cellule de crise, explique comment le CHU se prépare et fait face à ces phénomènes climatiques récurrents.
LE QUOTIDIEN : Comment le CHU anticipe-t-il le risque cyclonique ?
Dr PHILIPPE OCQUIDANT : Le CHU de la Réunion, comme tous les établissements de santé de l'île, dispose d’un « plan cyclone » dédié, présentant la marche à suivre au fur et à mesure de l’évolution des conditions météorologiques afin d'être en mesure d'assurer ses trois missions principales : la continuité des soins aux patients nécessitant le maintien d’une hospitalisation, la gestion de l’afflux de blessés et la prise en charge des urgences habituelles. Dès le déclenchement de l’alerte orange cyclonique, le CHU arme, sous la coordination du directeur général et du président de la CME, deux cellules de crise, une à Saint-Denis et une à Saint-Pierre.
La gestion de ces situations exceptionnelles peut se prolonger jusqu'à 96 heures. Les patients dont l’état de santé permet un retour à domicile lors du déclenchement de la pré-alerte cyclonique sont invités à regagner leur domicile. Et les soins programmés qui peuvent être repositionnés à une date ultérieure le sont. À l’inverse, ceux dont l’état est le plus inquiétant ou les plus fragiles et pour lesquels la poursuite des soins est un impératif, comme les insuffisants rénaux devant être dialysés ou les personnes suivies par les services d’hospitalisation à domicile, sont réhospitalisés et pris en charge de façon anticipée par les services. Le travail en réseau avec les autres établissements de santé est très important dès le début de la pré-alerte.
Que prévoyez-vous pour les zones enclavées ?
Pour le cirque de Cilaos, trois heures avant le passage en alerte orange, une équipe médicale composée d’un médecin urgentiste, d’une infirmière, d’un interne, d’une sage-femme et d’un ambulancier rejoint le cirque afin d’assurer une permanence sur place, en soutien à l'hôpital de proximité. Le même processus est organisé pour couvrir les besoins sanitaires du cirque de Salazie par les équipes des urgences du Groupement hospitalier de l'Est de la Réunion, en direction commune avec le CHU.
Quel est le plan à activer en cas d'alerte rouge, comme ce fut le cas en février 2022, avec le cyclone Batsiraï ?
Pour les sites principaux, une relève des personnels est effectuée avant tout passage en alerte rouge. À l’issue du préavis de trois heures, toute circulation étant interdite sur l'ensemble du réseau routier, tout agent présent au CHU reste alors à son poste de travail jusqu’à la fin de l’alerte rouge (ou violette) et l’arrivée de la relève. Les équipes médicales et soignantes sont doublées, une en fonction, une en repos, et les astreintes sont transformées en garde sur place durant toute la durée de l’alerte rouge. Les internes sont aussi appelés en renfort pour les services qui le nécessitent.
De même, les services supports essentiels au bon fonctionnement des services et au maintien de la prise en charge, notamment les services techniques, sont mis en alerte et en situation d'astreinte afin d’assurer la poursuite de l’activité. Comme dans toute crise, au final, le capacitaire est un enjeu crucial, tout comme l’organisation des moyens humains et matériels au sein des services. Les réserves d’énergie, d’oxygène, de sang, de linge et de repas sont également des points fondamentaux à vérifier en amont, comme le précise notre plan cyclone, réactualisé chaque année, et transmis à chaque direction et chefferie de service.
Source : https://www.lequotidiendumedecin.fr/ Mireille Legait / Photo AFP