Visite de la Midelca à La Réunion : “L’alcool a un impact considérable sur notre vivre-ensemble”.
Actuellement en visite dans l’île, Nicolas Prisse, président de la Midelca (mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), a été interpellé par les acteurs locaux de lutte contre les addictions sur les problématiques locales. Une nouvelle fois, ils ont rappelé le poids que représente l’alcool dans la société réunionnaise.
Avec l’entrée en vigueur prochaine du nouveau plan national de mobilisation contre les addictions 2023/2027, la visite de Nicolas Prisse, président de la Midelca (mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), vient encourager les initiatives locales en la matière.
Réuni ce lundi matin en comité de pilotage régional “addictions” au siège de l’ARS, les représentants des forces de l’ordre, du CHU, du rectorat, du Département et de la préfecture ont posé un constat sans concessions à Nicolas Prisse. “La diversité des acteurs autour de la table, chose qu’on ne voit pas dans tous les territoires, prouve le travail en commun déjà en place. Je veux juste rappeler que la Midelca n’est pas un organisme de lutte contre les stupéfiants. Notre priorité, c’est le jeu, l’alcool et le tabac, pour des raisons de santé publique et de sécurité. L’alcool a un impact considérable sur notre vivre-ensemble”, rappelle Nicolas Prisse.
“Ici, la prévalence de l’alcool dans les faits-divers peut atteindre les 60%, voire les 80%”
Tous autour de la table partagent également le constat d’une île où l’alcool occupe une place trop importante. “À La Réunion, on vit parfois l’alcool comme une fatalité. Le chiffre de 30% des faits-divers impliquant de l’alcool est avancé pour les départements métropolitains. Ici, la prévalence de l’alcool peut atteindre les 60%, voire les 80%”, souligne le docteur David Mété, chef du service addictologie au CHU de Bellepierre.
L’addictologue s'inquiète également de voir l’installation d’habitudes de consommation de cocaïne et de tabac chimique, en plus du traditionnel zamal. “La cocaïne n’est plus réservée à des milieux très aisés. La culture de ‘l’effet’ laisse des marques, et de nouveaux publics commencent cette substance”, poursuit le médecin.
L’état des lieux du représentant des douanes n’est guère plus réjouissant. “Nous sommes inquiets. Voilà 20 ans que je suis rentré dans mon île pour y travailler, et nous voyons les quantités saisies augmenter chaque année. Nous sommes passés de 8 kg de cocaïne saisie en 2020, à 16 kg en 2021. Nous interceptons près de 3000 graines de skunk envoyées par colis postaux ”, rappelle le fonctionnaire.
Un effort particulier sur les “interdits protecteurs”
Devant ses différentes observations, Nicolas Prisse veut mettre au centre du plan 2023/2027 de prévention des conduites addictives le respect des “interdits protecteurs”. “Si nous allons bien sûr poursuivre le travail auprès des vendeurs, mais à un moment il faut qu’on puisse voir du bleu. Assez de pédagogie, nous connaissons tous la loi”.
Ainsi, les services de la préfecture veulent mettre l’accent sur le respect de la législation. De nouveaux axes de travail semblent également à l’étude pour 2023, comme un renforcement de la prévention des parents. La diffusion de nouveaux spots de sensibilisation ou la mise en place d’une vraie cartographie des périmètres de protection autour des établissements sont aussi au programme. “La Midelca appuiera toujours les initiatives locales qui feront progresser nos objectifs. La Réunion est un territoire innovant en la matière, il faut l’encourager”, conclut Nicolas Prisse
Source : https://www.zinfos974.com/ NP