Covid-19 porter ou ne pas porter le masque, telle est la question.
L’épidémie de Covid-19 n’a pas disparu et continue de se propager. A La Réunion, la hausse des contaminations reste légère tandis que dans l’Hexagone, le nombre de cas est en explosion laissant craindre une nouvelle vague. Le masque a (presque) disparu du paysage mais il pourrait bien faire son retour progressif mais non obligatoire (pour le moment) après l’allocution de la Première ministre devant l’Assemblée nationale appelant à reporter le masque en présence de personnes fragiles et dans les transports.
Le mardi 29 novembre, la Première ministre Elisabeth Borne avait alors lancé un appel “solennel” pour que les usagers des transports puissent à nouveau remettre leur masque mais qu’il y ait aussi le respect des gestes barrières. Comme elle l’avait alors affirmé « ce sont des petits gestes qui sauvent des vies ».
Suite à cette annonce de la part de la Première ministre, des représentant de réseaux de transports en commun à La Réunion s’accordent à dire que des affiches pour recommander le port du masque dans les bus sont toujours d’actualité. « Cela reste des mesures incitatives. Après ça relève de la responsabilité individuelle de tout un chacun. On ne peut pas pour l’instant obliger le port du masque », appuie Gérard Françoise, président de la Sodiparc, société exploitant le réseau Citalis dans le nord de l’île. Pour Maurice Gironcel, président de la Cinor et également acteur dans le transport, “je vais relayer cet appel car on doit effectivement faire en sorte que le covid, ne se propage pas comme en France métropolitaine. Il y a donc une utilité à reporter à nouveau le masque dans les transports. Pour se protéger et éviter de transmettre le virus.Dans les transports en commun, il y a beaucoup de monde et je suis entièrement d’accord avec l’appel Elisabeth Borne.” Pour Irchad Omarjee, président de SEMTO, réseau Kar’ouest, « ceux qui veulent le mettre, libre à eux. Mais il ne faut pas oublier que le covid continue de circuler et qu’il faut garder aussi les distanciations sociales. Demain s’il y a l’obligation de l’Etat à de nouveau imposer le masque, nous sommes prêts à nous adapter ; il n’y a pas de problème ». Selon Mathieu Chichery, directeur général Semitel, Alternéo, « les usagers ne vont pas forcément remettre le masque tout de suite. Ca va être difficile, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Les personnes ont perdu cette habitude ». D’après lui, en cas d’obligation « il va forcément y avoir une phase de transition, avec des incitations ». Par ailleurs, les représentants des transports en commun de l’île interrogés s’accordent à dire que lorsque le masque était obligatoire, il n’y a pas eu beaucoup de verbalisations ; les passagers respectaient généralement bien la règle.
Du côté des professionnels de santé, la réaction est unanime. Le porter là où il y a une forte promiscuité, reste utile. « Au quotidien ce n’est pas forcément nécessaire de le mettre. Mais dans les bus on est très souvent serré et là le masque s’avère utile », justifie de son côté un médecin du centre-ville de Saint-Denis. Même avis pour Christine Kowalczyk, médecin à Saint-André et présidente de l’Union régionale des médecins libéraux, « l’avoir dans les transports en commun n’est pas inutile. On peut y attraper facilement le virus ».
Ce dimanche 4 décembre, le ministre de la Santé, François Braun a déclaré sur le plateau de BFM-TV, qu’il conseille « très fortement le port du masque », sans pour autant parler d’une obligation, pour le moment… La présidente du Comité de veille et d’anticipation des risque sanitaire (Covars), Brigitte Autran, appelle elle aussi les français à « renforcer le port du masque, tout comme les gestes barrières ». Dans une interview accordée au Journal du dimanche (JDD), elle affirme aussi que “le retour du masque obligatoire est une décision politique et ce n’est pas à nous de le décider. Mais il faut aller vers un port du masque le plus possible dans les lieux clos, là où il y a une promiscuité importante”.
-Porter le masque, c’est être stigmatisé –
Le port du masque reste donc conseillé si on veut continuer à bien se protéger. Qu’ils soient chirurgicaux, en tissus, FFP2, bleu, blanc, multicolore.
S’il n’est plus obligatoire dans les lieux publics, privés, les professionnels de santé continuent de rappeler aux personnes l’utilité des gestes barrières.”Là on est dans la prévention, tout dépend du danger auquel on est exposé. C’est de la responsabilité de chacun”, soutient Christine Kowalczyk. “Ne le met que les personnes qui n’ont pas envie d’attraper le virus. Mais encore une fois, là où on attrape le coronavirus, c’est beaucoup dans la sphère privée et professionnelle” poursuit-elle. Même avis pour Maud Magné, docteur en pharmacie à Saint-Paul. « On recommande de porter le masque pour les personnes fragiles même vaccinées, pour ne pas contracter, la maladie et pour celles qui sont porteur du virus afin d’éviter au maximum la transmission du covid-19 ». La pharmacienne observe que « les personnes qui portent encore le masque sont surtout les personnes âgées. On le remarque en pharmacie et au quotidien. Si on n’a pas de souci de santé, on a pas forcément besoin”.
Mais ils sont tout de même boudés par un grand nombre de Réunionnais.e.s et pour plusieurs raisons.
Lorsqu’on interroge la population, certaines personne affirment de leur côté qu’il n’y a plus non plus d’utilité à porter le masque selon elles. “Je ne le mets plus du tout, comme il n’est plus obligatoire. En revanche, lorsque je dois aller dans les établissements de santé, je continue de le porter”, témoigne Coralie, une dionysienne. Pour son amie, Marie, “le masque n’est vraiment plus d’actualité pour moi. Je le mets uniquement quand je vais chez le médecin”.
Christine Kowalczyk explique aussi l’abandon du masque au quotidien par certaines remarques de l’entourage. « Dès qu’on le met pour se protéger, on est tout de suite regardé avec de gros yeux. Ça devient de plus en plus stigmatisant pour certaines personnes ».
L’absence du masque et des gestes barrières se font directement ressentir. Au niveau des chiffres, on enregistrait le vendredi 25 novembre, 48.629 cas contre 33.177 le vendredi 18 novembre, dans l’Hexagone ce qui laisse craindre une nouvelle vague pour l’hiver. A La Réunion, on compte 1.217 nouveaux cas entre le 21 et le 27 novembre contre 893 contaminations entre le 14 et le 20 novembre. Bien que le nombre de contamination est moins important que sur le territoire hexagonal, “l’épidémie repart à la hausse, mais grâce au vaccin notamment, cela reste contrôlé”, commente Christine Kowalczyk. Elle averti par ailleurs que si le nombre de cas augmente, elle n’a pas l’impression qu’il y ait une nouvelle vague.”Il faut attendre la fin du mois de janvier, avec le retour de vacances.” Maud Magné de son côté note qu’il y a aussi une recrudescences des tests antigéniques en ce moment au sein de son établissement. “On en faisait plus du tout il y a encore quelques semaines ; aujourd’hui on en fait une dizaine par jour”. Selon un médecin installé à Saint-Denis, ” le variant Omicron est moins dangereux que les précédents”. “Il va perdurer dans le temps et devenir une épidémie grippale saisonnière à terme”, estime-t-il.
Dans les pharmacies aussi, cette absence a des conséquences sur les ventes de masques. Celles-ci se sont écroulées. Pour exemple, dans l’officine de Maud Magné à Saint-Paul, 70 boîtes ont été vendues en août, contre 28 en novembre. Concernant celles prescrites sur ordonnance par les médecins, 100 boites ont été délivrées en août contre 30 en novembre. Il y a donc encore du stock à ce niveau là mais aussi pour les gels hydroalcooliques. Pour la pharmacienne, c’est “comme si c’était fini ; il n’y a plus l’engouement où les gens en achetaient beaucoup pour se protéger”.
Le coronavirus n’est pas seul non plus à circuler dans l’air. Il faut aussi composer avec d’autres épidémies, maladies saisonnières. La gastro-entérite en fait partie ; “les gens ont l’air plus fatigué maintenant contrairement à avant. En ayant porter très souvent le masque, les personnes ont donc moins d’immunité, car elles n’étaient pas au contact du virus et avaient une certaine protection” indique Maud Magné. En plus de la gastro-entérite, il y a aussi la grippe. Notre médecin ajoute à son tour que, “là ça y est ça redémarre ; les transmissions se font par voie aérienne.”
– Les obligations –
Pour rappel, depuis le 1er août 2022, il n’y a plus d’obligation générale de port du masque dans les hôpitaux et dans les établissements médico-sociaux. Les chefs des établissements de santé ont le droit de continuer à imposer le port du masque à l’intérieur des bâtiments, indique-t-on sur le site du gouvernement.
Pour le moment, les autres lieux ne sont pas concernés par le retour obligatoire du masque. Le porter n’est pas non plus une erreur ou une faute.
La préfecture rappelle dans un communiqué que le taux d’incidence et le taux de positivité est en augmentation à la Réunion – malgré tout “inférieur aux ceux observés en métropole”. La préfecture note aussi qu’il y a une légère hausse des nouvelles admissions en hospitalisation conventionnelle et en réanimation, sans crainte sur la situation hospitalière”. C’est pourquoi le préfet renouvelle “l’incitation à la vaccination et à la 2ème dose de rappel, notamment pour les personnes de plus de 60 ans et les personnes avec comorbidités, afin de les protéger et de préserver le système de santé”,
Pour l’heure, à La Réunion, le taux d’incidence de 140 cas pour 100.00 habitants et le taux de positivité s’établit à 25,64% et plus de 24.000 personnes ont reçu leur deuxième dose de rappel, d’après les chiffres communiqués par l’ARS et Santé Publique France.
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