François Braun attendu (en vain ) sur la souffrance au travail, le manque d’effectifs et de moyens.
Le ministre de la Santé, François Braun, atterrit ce lundi 28 novembre 2022 à La Réunion, pour une visite de deux jours. Il est attendu de pied ferme par les professionnels de santé, qui alertent depuis de nombreuses années sur les difficultés rencontrés par le monde de la santé. Souffrance au travail, manque d’effectifs, manque de moyens, non prise en compte des spécificités de l’île…la liste des griefs est longue. Une demande d’audience a été faite par la CGTR Santé pour aborder ces questions avec le ministre.
« Le prédécesseur de François Braun, Olivier Véran, avait pris des engagements. Nous attendons du ministre qu’il respecte les engagements pris, avec la mise en place d’un Ségur de la santé pour les Outre-mer » déclare Jean-Marc Vélia, secrétaire départemental de la CFDT Santé du CHU Félix Guyon.
Il milite pour la création d’un coefficient outre-mer, et au « respect de la convention collective » de la profession.
« Il faut prendre en compte les spécificités de la situation insulaire de La Réunion » abonde Gabriel Melade, secrétaire départemental de la CGTR Santé, employé dans le secteur privé. « C’est bien beau de nous promettre de nouveaux bâtiments, mais s’il n’y a pas d’augmentation d’effectifs, cela ne servira à rien » ajoute-t-il.
La profession d’infirmier.e en particulier souffre d’un manque d’attractivité criant. « Cela fait des années que nous dénonçons la dégradation de nos conditions de travail, situation qui s’est encore empirée pendant la crise Covid-19. En 2021, ce sont 28.000 heures de travail supplémentaire qui ont été réalisées par le personnel au Centre hospitalier de l’ouest » affirme Zohra Givran, secrétaire adjointe de la la CGTR Santé et Action Sociale au CHOR.
Les syndicats réclament donc une augmentation des salaires, afin de rendre la profession plus attractive, et augmenter les effectifs. Une façon de remédier au passage au problème du non-respect des plannings de chacun. « Nos jours de repos, nos congés ne sont jamais garantis, nous ne sommes jamais à l’abris d’être appelé pour remplacer telle ou telle personne. On bricole toute la journée des emplois du temps » souffle Zohra Givran.
Conséquence de ce manque de personnel : une souffrance au travail grandissante. « Environ 150 personnels sont en arrêt maladie longue durée au CHOR » affirme-t-elle. Le désir de changer de profession grandit aussi de plus en plus. « Il y a une culture de la tyrannie dans la façon de gérer les services, il faut que ça change. »
– Une politique gouvernementale “catastrophique” –
Autre revendication : la prise en compte des primes de week-end et de nuit dans les cotisations pour la retraite. « Aujourd’hui, puisqu’il s’agit de primes, ce n’est pas comptabilisé sur notre temps de travail cotisé. Pourtant, nous travaillons, cela devrait être pris en compte » estime Zohra Givran.
Et le secteur privé n’est pas épargné par ces problématiques. « Public ou privé, les souffrances sont les mêmes. La politique du gouvernement est catastrophique, c’était déjà pitoyable avant la crise » dit Gabriel Melade.
Il réclame donc la mise en place d’une concertation regroupant tous les acteurs de la santé : professionnels, ARS, Sécurité sociale…Enfin, ce dernier demande la réintégration des soignants non-vaccinés. Le ministre a cependant déjà annoncé à plusieurs reprises être contre.
« L’obligation vaccinale des soignants est un enjeu éthique et scientifique qui mérite des débats sereins. Nous le devons aux Français, alors que les épidémies reprennent » a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale, lors des débats sur leur possible réintégration.
François Braun a donc de nombreux chantiers à aborder lors de ces deux jours. Il sera d’ailleurs accueilli par une manifestation de l’intersyndicale des médecins, qui dénonce à la délégation de compétences aux professionnels “non formés”.
Source : https://imazpress.com/ AS Photo RB