Collecte des déchets médicaux perforants : La Réunion peut encore progresser.
La gestion des déchets dangereux issus du monde médical pour les particuliers est un défi quotidien pour un territoire isolé comme La Réunion. Créé il y a maintenant 10 ans, l'éco-organisme DASTRI est en charge de cette problématique. En visite dans l'île, sa déléguée générale encourage les patients à jouer le jeu et à ramener leurs déchets dans les pharmacies.
Depuis maintenant 10 ans, les patients, principalement diabétiques, sont désormais habitués à mettre leurs déchets médicaux dans des petites boîtes jaunes avec un couvercle vert, qu'ils déposent ensuite gratuitement dans une pharmacie. Là, le praticien leur en redonne une, et le cycle peut recommencer. Mais que deviennent ces boîtes, une fois revenues dans les mains du pharmacien ?
C'est la DASTRI qui est chargée d'organiser leur collecte et leur traitement sur tout le territoire national. Financée à hauteur de 10 millions d'euros par an par les industriels de la santé, cette association est unique en son genre, car la France est le seul pays européen à avoir mis en place ce système. Aujourd'hui, près de 80% de cette somme sert à acheter les fameuses boîtes.
Ces déchets, qui sont classés comme DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux et assimilés), sont ensuite rassemblés dans des bacs en cartons dans les pharmacies, avant de partir en centre de traitement. Si en métropole, ils sont incinérés, à La Réunion, ils sont dirigés vers trois sites de "pré-traitement par désinfection". Ils sont d'abord broyés, puis chauffés à haute température, avant de repartir en centre d'enfouissement, comme un déchet classique.
Les diabétiques, cible principale de ce dispositif
Les diabétiques représentent près de 80% des patients qui utilisent des dispositifs d'auto-traitement, mais ce sont près de 34 pathologies qui sont concernées par ce dispositif. Les stylos à aiguille ou les aiguilles seules sont principalement visés, mais également les cathéters ou les applicateurs. Bref, tout ce qui pique doit finir dans ces boîtes, qui une fois remplies sont scellées et ne sont plus rouvertes.
Devant la multiplication des dispositifs médicaux connectés, comme les systèmes d'autosurveillance du glucose, un circuit a dû se mettre en place. Présentant peu de risques biologiques, car n'étant pas perforants, ces déchets peuvent être triés et valorisés. Seul bémol, la filière n'existe pas sur l'île, et ils doivent être renvoyés vers l'Hexagone pour y être traités.
"Avant, les gens apportaient les aiguilles dans des bouteilles en plastique"
Derrière le comptoir de son officine à Saint-Denis, Paul Dumas, pharmacien, observe que le message est bien passé auprès des patients. "Maintenant, les gens savent qu'ils doivent déposer leurs aiguilles dans les boîtes. C'est assez naturel. Avant, les gens apportaient les aiguilles dans des bouteilles en plastique, ou en verre", explique le praticien.
Chaque mois, il peut commander gratuitement deux cartons de 30 boîtes, qu'il distribue ensuite à ses patients. "Cela part assez vite, et si on en veut plus, on doit justifier d'une augmentation d'activité", ajoute le pharmacien.
Les déchets produits en pharmacie également concernés
Dans le cadre de la lutte contre le Covid, la DASTRI a également été mise à contribution pour aider les pharmaciens à faire face à une montagne de déchets infectieux, notamment avec les tests. Rejoignant la pile des DASRI qui doivent toujours être traités, la filière risque l'encombrement. Voilà pourquoi les résidus de tests négatifs sont maintenant orientés vers les poubelles classiques. La demande pour ces tests ayant fortement diminué, ils posent beaucoup moins problème.
Cependant, l'autorisation des pharmaciens de vacciner, notamment contre le covid et la grippe, a créé une nouvelle source de déchets. Pour les gérer, les apothicaires devront mettre la main à la poche, environ 150€ par an.
1000 tonnes récoltées chaque année, dont 15 à La Réunion
Chaque aiguille ainsi collectée ne risque pas d'atterrir sur un tapis de tri de déchets, où des agents peuvent se piquer par accident. Le cas échéant, ne sachant l'origine de cette aiguille, les employés doivent passer par la case hôpital pour y recevoir une trithérapie préventive.
En tout, ce sont près de 2000 tonnes qui sont collectées chaque année, même si les boîtes en elles-mêmes en représentent déjà la moitié. Sur l'île, ce sont près de 15 tonnes (uniquement de déchets médicaux, donc 30 tonnes en tout), qui sont récupérées chaque année. Un chiffre en constante augmentation depuis 10 ans, d'environ 15% par an.
D'ailleurs, l'île est plutôt bonne élève en la matière, car la DASTRI estime à 76% le taux de collecte, contre 80% au niveau national. L'objectif est maintenant de passer à 90% de collecte dans les prochaines années.
Source : https://www.zinfos974.com/ MB