Journée mondiale contre l'obésité : que penser des nouveaux traitements ?
Chaque année, le 4 mars marque la journée mondiale de lutte contre l'obésité. Alors que cette maladie touche près de 10 millions d'adultes en France, que valent les nouveaux traitements qui font leur apparition sur le marché ?
Les nouveaux traitements sont-ils efficaces ? Face au fléau que représente l'obésité en France, avec une population atteinte grandissante, de nouveaux traitements font parler d'eux sur le marché pharmaceutique.
Si veiller à son alimentation tout en augmentant son activité physique régulière s'avère être un mode de vie incontournable pour une perte de poids réelle, il est parfois nécessaire d'associer ces mesures hygiéno-diététiques à un traitement médical. Jusqu'ici, un grand nombre de personnes atteintes d'obésité se tournaient vers la chirurgie bariatrique, un acte médical efficace pour se délester des kilos, mais pas sans conséquences pour la santé.
La chirurgie bariatrique : 3 techniques
Conçue pour aider les personnes atteinte d'obésité sévère, la chirurgie bariatrique ne cesse de faire de nouveaux adeptes. En 20 ans, le nombre de patients ayant eu recours à ce type d'intervention a été multiplié par 20. Deux des techniques proposées aux malades ont pour objectif de réduire la taille de l'estomac pour limiter la quantité d'aliments ingérés. D'abord, la pose d'un anneau gastrique ajustable installé sur la partie supérieure, une intervention devenue rare aujourd'hui en raison d'effets secondaires comme des reflux gastro-oesophagiens sévères.
Autre alternative, une opération chirurgicale appelée «Sleeve», qui consiste à retirer les deux tiers de l'estomac, dont une partie contenant des cellules chargée de sécréter une hormone stimulant l'appétit. La sensation de faim sera donc moins présente, et l'organe ayant réduit de volume, la quantité d'aliments ingérés avant se ressentir la satiété sera plus faible.
Une troisième intervention est possible, le «bypass gastrique», visant à séparer l'estomac en deux parties distinctes. La première, celle qui reçoit les aliments, est directement raccordée à l'intestin grêle. Son volume étant drastiquement diminué, les coups de fourchette avant d'entendre le fameux «ah je suis calé(e)» le seront aussi. Le contenu de la seconde partie, composée notamment d'enzymes digestives, sera directement déversé dans l'intestin.
Si ces opérations peuvent aboutir à des résultats époustouflants, avec une amélioration du métabolisme et du contrôle de la glycémie, elles n'en restent pas moins complexes, avec un suivi nutritionnel et une prise de compléments alimentaires à vie, certaines zones de l'intestin destinée à absorber nutriments et minéraux ayant été retirées ou contournées.
Quid des nouveaux traitements ?
Si vous êtes un adepte des réseaux sociaux, vous n'avez pas pu passer à côté des utilisateurs de TikTok vantant les mille et une vertus de l'Ozempic, un traitement initialement destiné aux diabétiques et entraînant une perte de poids rapide sans régime alimentaire contraignant.
En France, depuis février 2025, trois nouveaux médicaments indiqués dans le traitement contre l'obésité et au mode de fonctionnement similaire à celui de l'Ozempic ont fait leur apparition : le «Saxenda», avec une perte attendue d'environ 5% du poids du corps, le «Wegovy», allant jusqu'à 15% du poids du corps, et le «Mounjaro», permettant de perdre plus de 20% du poids du corps. Pour un individu dont la balance affiche 100 kilos, cela reviendra donc à perdre plus de 20 kilos s'il se procure le dernier traitement mentionné.
Leur mode de fonctionnement est simple : reproduire une hormone intestinale appelée GLP-1, favorisant la satiété et stimulant la production d'insuline, hormone sécrétée au moment du repas et contrôlant la quantité de sucre dans le sang. Le «Mounjaro» combine quant à lui un agoniste du GLP-1 et du GIP, hormone sécrétée par l'intestin pour moduler l'appétit et optimiser la gestion des graisses. L'utilisation de ces médicaments est limitée aux personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 27 en présence de comorbidités comme le diabète, ou supérieur à 30 avec ou sans comorbidités.
«En France on est très prudents, on a peur du mésusage et des détournements. Alors la prescription sera faite uniquement par des diabétologues ou endocrinologues ou autres spécialistes de la nutrition. Les médecins pourront ensuite renouveler les prescriptions», précise le Dr. Brigitte Milhau sur CNews. Ces médicaments sont disponibles sous la forme de stylos injecteurs, et ne sont prescrits qu'après l'échec d'une prise en charge pendant 6 mois par une équipe spécialisée.
Si pour le moment, il faudra compter uniquement sur votre porte-feuille pour vous procurer l'un de ces trois traitements, la Haute Autorité de santé s'est prononcée en faveur du remboursement du «Mounjaro» et du «Wegovy» dans les cas d'obésité sévère.
Des antidiabétiques qui semblent avoir trait au miracle et qui soulèvent l'enthousiasme, mais qui ne sont pas sans conséquences pour votre santé. «Comme tout traitement efficace, il y a des effets secondaires. Les principaux sont des nausées, des vomissements, des troubles du transit, des maux de tête, qui ont obligé 4,7% des patients à stopper le traitement, et dans de plus rares cas des calculs de la vésicule biliaire et des pancréatites», ajoute la médecin.
L'obésité, une maladie multifactorielle
L'obésité correspond à un excès de masse grasse dans le corps et concerne 17% des adultes en France. Un chiffre qui ne cesse de croître au fur et à mesure des années, si bien que certaines revues scientifiques n'hésitent pas à employer le terme d'«épidémie». «L'alimentation joue beaucoup, et en quantité, et en qualité. Mais l'obésité est une vraie maladie. Il ne faut pas penser que quelqu'un se réveille un matin en ce disant : mon objectif dans la vie c'est de prendre 50 kilos», affirme le Dr. Brigitte Milhau.
Une maladie aux causes multiples, dite multifactorielle, et qui entraîne de nombreuses complications comme un diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires, des atteintes au niveau du foie et des articulations, des cancers et même des troubles psychologiques, la qualité du microbiote intestinal ayant un lien direct avec la dépression.
Une pathologie complexe qui fait face à de nombreuses idées reçues et qui peut prendre sa source parmi plusieurs facteurs. Parmi eux, la génétique, l'environnement comprenant l'alimentation et le manque d'exercice physique, des dérèglements hormonaux, des causes psychologiques comme l'anxiété ou encore le suivi d'un traitement médicamenteux.
Outre leurs effets avérés sur la perte de poids, les antidiabétiques attirent également l'attention des chercheurs pour leur capacité à réduire le risque de dépendance à certaines substances, incluant l'alcool ou le tabac. Les scientifiques ont également pu observer une baisse de divers troubles mentaux comme la schizophrénie ou de pathologies neurodégénératives comme la maladie l'Alzheimer.
Source : https://www.cnews.fr/