« Juin sans sucres ajoutés » Un défi d’un mois pour réduire sa consommation de sucre.
L’association lance ce 1er juin la deuxième édition de « Juin sans sucres ajoutés », un mois pour interroger son rapport au sucre et réduire sa consommation.
L'essentiel
Ce samedi débutera la deuxième édition de l’opération « Juin sans sucres ajoutés ».
Ce défi, lancé par l’association Sos hépatites et maladies du foie, consiste à réduire voire supprimer un mois durant les sucres ajoutés de son alimentation.
Le but : interroger son rapport au sucre, omniprésent dans les produits transformés, et conserver de bonnes habitudes alimentaires tout au long de l’année.
l y a les adeptes du Dry January, qui dès la fin des festivités du Nouvel an arrêtent de boire de l’alcool tout le mois de janvier. Il y a aussi le mois sans tabac, durant lequel celles et ceux qui tentent d’en finir avec la cigarette arrêtent de fumer à compter du 1er novembre. Depuis l’année dernière, il faut aussi compter avec « Juin sans sucres ajoutés », une opération lancée par l’association SOS hépatites & maladies du foie. Le but : « réduire pendant un mois sa consommation de sucres ajoutés, voire tenter de la supprimer totalement ».
L’occasion d’interroger son rapport au sucre, lui qui est caché dans une multitude d’aliments consommés au quotidien. Quels sont les bienfaits d’une telle démarche ? Relever le défi permet-il de réduire durablement sa consommation de sucre ?
Le sucre omniprésent
Sur une journée, sauriez-vous évaluer votre consommation de sucre ? Si vous vous lanciez dans le calcul, le résultat serait sans doute loin de la réalité. La faute aux sucres cachés, omniprésents dans nombre d’aliments transformés que l’on consomme au quotidien. Selon une étude récente de
l’Anses, qui a passé au crible la composition de plus de 54.000 aliments transformés présents dans les rayons des supermarchés, en 2020, 77 % contenaient du sucre ajouté, qu’il s’agisse de produits sucrés, mais aussi salés.
« Depuis une cinquantaine d’années, il y a un dérapage de la consommation de sucre dans les pays industrialisés, notamment parce que le gras a été diabolisé, donc l’industrie agroalimentaire a réduit les teneurs en graisses de beaucoup de références et ajouté du sucre, qui ne coûte pas cher, pour son effet exhausteur de goût, explique le Dr Pascal Mélin, hépatologue au Centre hospitalier de Saint-Dizier et président de SOS hépatites & maladies du foie. C’est ainsi que dans les supermarchés, vous retrouvez des pizzas, des salades ou encore de la charcuterie qui contiennent des sucres ajoutés ».
Résultat : « en France, la consommation moyenne de sucre est de 90 grammes par jour, alors que l’OMS recommande de ne pas dépasser 25 grammes », soit six cuillères à café, rappelle le Dr Mélin. Un seuil largement dépassé rien qu’avec un seul verre de soda, qui contient 34 grammes dans une canette de 33 centilitres.
« Conscientiser sa consommation de sucre »
Alors, Juin sans sucres ajoutés, « c’est pour aider les gens à conscientiser leur consommation de sucre, indique le Dr Mélin. Il ne s’agit pas d’interdire totalement d’en manger, mais d’amener chaque participant à interroger son rapport au sucre, à prendre conscience de sa consommation, à apprendre à lire les étiquettes et identifier les sucres dans les listes d’ingrédients. Et c’est déterminant : la loi française oblige à lister les ingrédients d’un produit par ordre de proportion. Pour éviter que le sucre n’apparaisse en premier sur les emballages des produits transformés, les industriels ont trouvé une manière de contourner la législation en "découpant" le sucre en plusieurs catégories pour les répartir sur la liste des ingrédients. Il existe ainsi 52 noms différents pour désigner le sucre : glucose, saccharose, sirop de maïs, etc. ».
But ultime du challenge bien sûr, « manger moins de sucre », complète le Dr Mélin. Pour les personnes tentées de relever le défi, il suffit de s’inscrire sur le site dédié : juinsanssucresajoutes.org. Et rien n’empêche d’y prendre part même si l’on ne se sent pas capable de totalement se passer de sucre un mois entier. « Trois niveaux de participation sont possibles : "sympathisant", si on est curieux d’essayer, "engagé", pour les participants qui acceptent de répondre à deux questionnaires, et "ambassadeur", si on est motivé pour faire vivre le défi dans son quartier, son association ou son entreprise », décrit l’association à l’initiative du défi.
Un défi que l’hépatologue a déjà relevé durant la première édition de l’opération, en juin 2023, et une expérience instructive même pour ce professionnel de santé. « J’ai scruté comme jamais les listes d’ingrédients d’aliments que je consomme au quotidien, raconte le Dr Mélin, et j’ai été surpris de voir que les bretzels que j’aimais grignoter en fin de journée étaient bourrés de sucre, alors que c’était un snack salé ! J’ai aussi arrêté les yaourts aux fruits du petit-déjeuner, bien trop sucrés, et je les ai remplacés par des yaourts nature ». Supprimé aussi, le sucre ajouté à la cuillère. « Moi qui adorais les fraises au sucre, j’ai appris à les assaisonner avec du basilic ou de la menthe, et c’est délicieux ! Et j’ai dit adieu au sucre dans mon café. La somme de tous ces petits gestes m’a permis de baisser ma consommation de sucre au quotidien ».
« Le sucre tue plus que la route »
Pour l’hépatologue, « il y a urgence à réduire notre consommation de sucre, qui est à la fois nocif pour la santé et très addictogène. D’ailleurs, selon l’enquête que nous avons menée auprès des participants de Juin sans sucres ajoutés l’année dernière, 15 % ont déclaré être addicts au sucre et ne pas pouvoir s’en passer ». Or, « les risques associés à une consommation excessive sont aujourd’hui bien connus : diabète, troubles cardiovasculaires ou encore surpoids », alerte SOS hépatites et maladie du foie. Autres effets délétères : « Il y a en France une épidémie d’obésité et de Nash, la maladie du foie gras », ou stéatose hépatique non alcoolique.
Comment le sucre rend-il le foie gras ? « Lorsqu’on mange du sucre, il est stocké dans le foie, répond le Dr Mélin. Si vous en avez une consommation raisonnable, quand le corps a besoin d’énergie, le foie va largue le sucre dans le sang pour qu’il puisse être utilisé par les cellules. Mais si vous consommez du sucre tout au long de la journée, le foie n’aura pas besoin de le libérer dans le sang et va le stocker, sous forme de triglycérides, des graisses toxiques pour le foie. D’où l’importance de faire attention au sucre pour lutter contre le trop-plein de graisse dans le foie, insiste-t-il. Chaque
année en France, il y a 4.000 morts de cirrhose induites par l’excès de sucre. Aujourd’hui, le sucre tue plus que la route », souligne l’hépatologue.
Juin sans sucres ajoutés, « c’est l’occasion d’informer le grand public sur les dangers et l’omniprésence du sucre, mais aussi un défi individuel et collectif où l’on se challenge pour modifier nos habitudes. Un mois durant lequel on se serre les coudes entre participants », se réjouit le Dr Mélin. Et les résultats sont au rendez-vous. L’année dernière, « 88 % des participants déclaraient avoir réduit, en partie ou totalement, leur consommation de sucres ajoutés, indique l’association. Et six mois plus tard, 45 % des répondants continuaient à en consommer beaucoup moins qu’auparavant, et 38 % un peu moins ».
Source : https://www.20minutes.fr/