Sclérose en plaques : comment la recherche avance face à cette maladie incurable.
La sclérose en plaques, qui touche 130 000 personnes en France dont 5 000 nouveaux cas chaque année, reste incurable. À l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à cette maladie neurodégénérative, le 30 mai, le Pr Roland Liblau, spécialiste toulousain en immunologie, fait le point sur la recherche.
Pour accélérer la recherche et l’accompagnement des patients, trois associations (Arsep, Ligue française contre la sclérose en plaques, Unisep) forment depuis quelques jours la fondation France Sclérose en Plaques.
"Nous unissons toutes les forces. Désormais, il y a un guichet unique pour obtenir des informations, du soutien et financer la recherche", glisse le Pr Roland Liblau, professeur d’immunologie au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse et responsable d’une équipe de recherche dédiée à la neuroinflammation au sein de l’Institut Toulousain des Maladies Infectieuses et Inflammatoires (Infinity/ Inserm/Université Paul-Sabatier/CNRS). Le Pr Roland Liblau est membre du comité scientifique de France Sclérose en Plaques.
Où en est-on la recherche sur la sclérose en plaques ?
Beaucoup de progrès ont été réalisés au cours des 25 dernières années. Sur le plan de la compréhension d’abord avec l’identification de gènes qui favorisent le développement de la maladie et de facteurs d’environnement impliqués dans la susceptibilité à la maladie comme l’infection, à l’adolescence ou lorsqu’on est jeune adulte, par le virus d’Epstein-Barr, ou encore un faible taux de vitamine D associé à un risque accru de sclérose en plaques. Des travaux suggèrent aussi que la flore intestinale peut aussi jouer un rôle dans la survenue de la maladie. La recherche a permis aussi de progresser sur la connaissance des mécanismes immunologiques : les lymphocytes, qui normalement nous défendent contre les infections, se retournent, à tort, contre un tissu normal qui est le système nerveux central.
Quels sont les progrès sur le plan thérapeutique ?
La manipulation thérapeutique du système immunitaire, qui vise à le moduler, a permis des succès majeurs dans la sclérose en plaques à forme rémittente (celle qui évolue par "poussées", Ndlr). Si on développe cette forme-là actuellement, la probabilité d’évoluer avec un handicap moindre est plus élevée que précédemment. Par contre, pour les patients avec une sclérose en plaques avancée et de forme progressive, les traitements actuels sont très insuffisants. Pour simplifier, on est aujourd’hui bons pour freiner la maladie quand elle débute mais, une fois que les patients atteignent la phase de progression, qui survient en moyenne 15 ans après le début de la maladie, on est quasiment démunis sur le plan thérapeutique.
Quelles sont les pistes ?
On continue à étudier les bases du développement de la maladie et, de façon presque prioritaire, on cherche à comprendre quels mécanismes sous-tendent la progression de la sclérose en plaques, comment le tissu se défend face à l’attaque inflammatoire et comment on pourrait interrompre ce processus une fois qu’il est bien engagé. À Toulouse, nous travaillons notamment sur une population de lymphocytes qui résident dans le système nerveux central.
Pour s’informer ou donner, France Sclérose en Plaques : 01 43 90 39 39. Site internet : arsep.org
https://www.arsep.org/
Source : https://www.ladepeche.fr/