Diversification des profils, lutte contre l’échec. La réforme affiche une vocation claire. Sa mise en application sera plus difficile, comme le confirme le décret publié le 5 novembre dernier….
Fin de la Première année commune aux études de santé (Paces) et suppression du numerus clausus. La réforme en cours des études de médecine, applicable dès la rentrée 2020, prévoit désormais deux grandes voies d’accès aux filières MMOP (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie) : le Portail santé à 60% et des Licences à « mineure santé » à 40%. Son objectif principal, selon le doyen de la faculté de médecine Montpellier Nîmes, Michel Mondain, est de diversifier les profils entrants, aujourd’hui formatés par le concours de première année où « les capacités d’empathie ne sont pas toujours au premier plan ».
De son côté, Élie Serrano, doyen de la faculté de médecine de Toulouse Rangueil, y voit aussi un bon moyen de lutter contre l’échec, avec des réorientations possibles en fin de 1re année. Aujourd’hui, sur 2700 inscrits à Toulouse, 10 à 12% franchissent le cap de la 2e année. 13% à Montpellier Nîmes. Avec la réforme, l’étudiant du Portail santé qui aura validé sa 1re année mais échoué aux examens d’admission en 2e année, pourra accéder à une L2 à mineure santé, et avoir une seconde chance de réintégrer la filière MMOP en fin de L2.
Un numerus apertus conditionné
Pour autant, ni l’une ni l’autre des facultés de médecine d’Occitanie n’envisage « d’ouvrir les vannes ». « Il est bon de supprimer le numerus clausus. Mais à partir de 2020, le numerus apertus sera conditionné aux besoins en offre de soins de la Région, définis par l’ARS. Et surtout, nous serons limités par nos capacités de formation, notamment l’encadrement des stages hospitaliers à partir de la 4e année », souligne Michel Mondain. A Toulouse, dès 2020, le nombre d’admis en 2e année de médecine devrait passer de 267 à 300. A Montpellier, ce chiffre objectif de 300 admis, contre 240 en 2019, devrait être atteint d’ici 4 à 5 ans.
Les Licences à mineure santé restent également à définir. « Droit, psychologie ou IUT seront possibles, mais les filières biologie ou Staps, déjà en tension, semblent plus difficiles à intégrer à ce processus », indique Élie Serrano. Encore beaucoup d’incertitudes donc, mais des invariants, tels la motivation, de grandes capacités de travail, de mémoire et d’écoute, selon les deux doyens. Michel Mondain nuance néanmoins : « Il ne faut pas tomber dans la psychose. Si d’autres l’ont fait, c’est faisable. »
Isabelle Meijers
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Crédit photo : UM - David Richard/Transit.